POINTS DE VUE SUR L’ARCHITECTURE
Les photos de cette page ont été prises, sauf mention contraire, par les membres de l’équipe de projet lors des périodes de résidence préliminaire et d’installation, pour fins de documentation, de planification et de modélisation tridimensionnelle.
Certaines mettent l’accent sur des aspects de l’architecture souvent moins présents dans les médias et les documents touristiques.
Les photos de cette page sont soumises à copyright et ne peuvent être utilisées ou reproduites sans approbation préalable du laboratoire NXI Gestatio.
Noyau de l’escalier central
à doubles révolutions (vu du RdC)
Durant toute la traversée du corps de l’édifice, le noyau central de l’escalier est vide. L’axis mundi autour duquel orbitent tous les éléments du château est si important qu’aucun matériau ne peut s’y trouver : c’est un espace qui devient un fragment des cieux.
Noyau de l’escalier central
à doubles révolutions (vu du 2e étage)
L’escalier symbolise à la fois le Soleil et la gloire du roi François 1er, autour desquels orbitent tous les mondes (De Vinci était partisan de l’hypothèse héliocentrique) . Tout est emporté dans la trajectoire hélicoïdale.
Ouverture dans l’escalier central
Comme le montre la section suivante, la volonté de tout asservir à l’hélicoïde déforme les ouvertures et la pierre quasiment jusqu’au délire. On en voit ici une première trace : l’appui et le linteau des ouvertures deviennent des surfaces réglées, témoignant de l’habileté consommée des tailleurs de pierre.
Tour-lanterne vue de la terrasse
L’escalier monumental ne se termine pas exactement au niveau de la terrasse, mais semble vouloir continuer vers le ciel. La tour-lanterne qui le coiffe, d’un style étonnant et probablement unique en France, était à l’origine ouverte : les ouvertures n’en étaient pas vitrées.
Tour-lanterne vue de l’escalier
Malgré leur utilité évidente, les vitres viennent perturber la lecture de l’escalier comme un événement qui mélange la pierre et l’espace, l’intérieur et l’extérieur, projetant vers le ciel l’espace du château. L’escalier monumental lui-même se prolonge jusqu’en haut de la tour-lanterne par un petit escalier en spirale.
Couloirs, galeries, coursives
Malgré son aspect quelque peu monolithique, le donjon de Chambord est un labyrinthe complexe de masses et d’espaces, une sorte d’éponge de pierre dont les limites sont parfois brouillées entre l’intérieur et l’extérieur.
Bras de la croix centrale, 2e étage
La symbolique du plan de Chambord commande une répartition d’espaces qui ne sont dictés par aucune fonction spécifique. Ainsi en va-t-il des bras de la croix, dont la fonction, quelque part entre espaces de distributions et espace cérémoniels reste mal définie. Chambord est bien plus un écho cosmologique qu’une architecture pour la vie quotidienne, fût-ce celle du roi lui-même.
Percées visuelles | 1
La configuration des espaces de Chambord génère de nombreuses percées par où le château peut se contempler lui-même.
Percées visuelles | 2
La fenêtre ouvre directement sur le sommet d’une des quatre tours d’angle, en une perspective raccourcie qui en accroît les dimensions apparentes - les dimensions réelles sont déjà fort imposantes.
Incurvation sur une paroi de pierre
L’obédience quasiment sans faille de la matière au plan symbolique de Chambord, ainsi que la précision de la construction, rendent d’autant plus intrigante la présence d’accidents géométriques comme cette incurvation de la pierre le long d’une galerie, dont les motifs restent apparemment inexpliqués.
TRAVAIL DE LA PIERRE | INSCRIPTIONS ET SCARIFICATIONS
Inscription sur un mur de pierre | 1
Le tuffeau, la pierre dont est faite le château, est légère et tendre, ce qui en fait un matériau idéal pour la sculpture et la stéréotomie. Comme effet secondaire, elle accueille depuis la construction du château des myriades de graffitis et d’inscriptions, en particulier dans les endroits dérobés ou à l’abri des regards.
Inscription sur un mur de pierre | 2
Les inscriptions consistent en dessins, en datations, en noms et signatures, en bref messages. On retrouve aussi souvent le nom ou le graphe associés à un tailleur de pierre particulier : les tailleurs et les sculpteurs étaient payés à la pierre, et ils pouvaient ainsi en fin de journée compter le fruit de leur travail.
Inscription sur un mur de pierre | 3
Cette inscription-ci date, comme on peut le voir, de 1670. Les dates s’étendent en fait du XVIe siècle à aujourd’hui. Les faux en datation sont la plupart du temps faciles à détecter par la nature de la calligraphie utilisée.
Inscription sur un mur de pierre | 4
Certaines inscriptions sont de véritables petits tableaux, comme celle-ci, traitée en bas-relief avec un encadrement.
Inscription sur un mur de pierre | 5
Derrière les traces les plus visibles se détachent une myriade d’nscriptions plus estompées, qui s’effacent progressi-vement avec le temps, transformant les murs en un palimpseste minéral dont le déchiffrage peut représenter un véritable défi.
Rencontres et intersections | 1
La rencontre des voûtes, des moulures, des murs à 45o et des parois incurvées génère des lignes d’intersections à la géométrie complexe. Aujourd’hui les ordinateurs permettent de les résoudre en un instant ; jusqu’au milieu du XXe siècle elles faisaient appel à la géométrie projective. Du Moyen-Âge à la Renaissance, ce sont les tailleurs de pierre qui possédaient cette expertise.
Rencontres et intersections | 2
La stéréotomie, ou taille en relief de la pierre, demandait à la fois des instruments, une expertise, une connaissance précise du matériau et de ses lignes de force et la connaissance de la façon dont les charges se transmettent. Plusieurs des pierres de cette photo témoignent de ce savoir.
Rencontres et intersections | 3
À rencontre du mur et de la voûte, à la retombée de cette dernière, une pierre à la forme unique et savamment tracée.
Anamorphoses minérales | 1
La poursuite de l’escalier en spirale dans la tour-lanterne mène à des configurations qui deviennent de véritables rêves de pierre. La force de l’hélicoïde est telle qu’elle déforme même les colonnes et leurs chapiteaux en une longue spirale, comme si la pierre devenait élastique.
Anamorphoses minérales | 2
Sur cette vue, on voit le chapiteau s’étirer tant et si bien qu’il n’en reste que quelques fragments disposés le long de l’hélicoïde, entraînés par l’irrésistible mouvement ascensionnel qui, partant du rez-de-chaussée, entraîne tout l’espace vers le ciel.
Arc de décharge
Cet arc incrusté dans un mur témoigne vraisemblablement de la présence d’une ancienne ouverture. En regardant attentivement, on voit que la pierre d’appui sur la gauche s’est fissurée sous la charge.
Dôme de pierre
Située au sommet d’un petit escalier en spirale qui mène à une chambre en entresol, cette coupole est remarquable par le nombre limité de pierres qui la constituent, dont la face inférieure doit épouser une surface sphérique.
CAMERA OSCURA | EFFETS D’OPTIQUE DANS LES COMBLES
Fentes dans les volets
Dans les combles, les pourtours des volets et les fentes du bois laissent passer des faisceaux de lumière. Par l’étroitesse des fentes, chaque faisceau est focalisé et contient l’ensemble du paysage auquel la fenêtre fait face.
Camera oscura
Le paysage est projeté inversé sur la paroi opposée, en un principe optique déjà décrit par Aristote. Placer une lentille dans l’un des faisceaux focalise l’image à une distance précise. Sur la photo, David St-Onge.
Image du château inversée
L’image du château apparaît face au volet. Elle est ici inversée par rapport à sa position réelle. La précision en est remarquable, et l’on voit facilement se déplacer les visiteurs sur les balcons.
LES CHARPENTES | LE TRAVAIL DU BOIS
Arrivée dans les combles
Sur la photo, de gauche à droite, David St-Onge et Vincent Cusson, de l’équipe NXI Gestatio pour le projet Point d.Origine à Chambord; Éric Johannot, du Domaine National de Chambord.
Charpentes | 1
Des pièces d’habitation ont été aménagées dans les combles, nécessitant l’installation de foyers et de cheminées. La rencontre des cheminées (il y en a 250 sur le château) avec les structures de bois requiert à chaque fois une charpente particulière.
Charpentes | 6
Charpentes | 7
Charpentes | 8
Sur la photo : Nicolas Reeves.
Le travail de relevé des charpentes, effectué par Guillaume Crédoz, impliquait de travailler perché sur de telles échelles, à des altitudes voisinant parfois les dix mètres. Les plus longues membrures de l’arrière plan, qui forment les toitures coniques des tours, atteignent dix-sept mètres de long.